Date
Commissaire
Cette exposition est organisée et mise en circulation par le Musée national des beaux-arts du Québec, société d’état subventionnée par le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec.
Sous le commissariat de Paul Bourassa, l’exposition Décoratif! Décoratifs? s’interroge sur les différentes dimensions associées au terme «décoratif» dans le domaine des arts. À partir d’une soixantaine d’œuvres choisies dans les collections du Musée national des beaux-arts du Québec, le public est invité à découvrir quatre aspects de cette question.
Décoratif ou antidécoratif ?, explore le thème du premier regroupement de l’exposition. Au Québec, la veine décorative traverse l’œuvre de plusieurs peintres modernes, parmi lesquels on retrouve, entre autres, Alfred Pellan, Jean Dallaire et Charles Daudelin. L’aspect décoratif qui caractérise certaines des œuvres de ces artistes est parfois perçu avec une certaine condescendance par les tenants de l’art abstrait géométrique, ceux que l’on a appelé « les plasticiens».
Surface ou profondeur? Dans le domaine de l’art, il existe plusieurs surfaces, certaines illusionnistes, d’autres qui se refusent à tout subterfuge. Le regard dubitatif que l’on pose parfois sur des œuvres qualifiées de décoratives est basé, non pas sur le recours au motif ou à l’ornement, mais sur son effet de surface, associé à l’idée de superficiel.
Objet ou sujet ? Le troisième regroupement s’attarde sur l’objet comme bien de consommation. En le retirant de son contexte premier, en jouant sur l’idée même de sa fonction et de son rôle «décoratif», l’art utilise son pouvoir d’évocation. À l’opposé, céramiques, textiles, bijoux, ou autres objets dits «décoratifs», sont transformés en véritables œuvres d’art, transcendant leur dimension utilitaire.
Séduction ou dégoût? Le dernier regroupement de l’exposition reprend la très pertinente question de l’art qui cherche à déranger en explorant les franges du mauvais goût. Les œuvres qu’on y présente nous rappellent que l’art est une suite de bouleversements et ce qui choquait hier peut séduire maintenant. Plusieurs voies sont possibles : le kitsch qui désigne certains objets engendrés par la production de masse, parfois décrits au Québec par le terme «quétaine»; le baroque que l’on associe à l’opulence et au superflu; le camp, fer de lance de l’underground gay; enfin, la décadence qui est une forme d’extravagance et d’affranchissement des conventions.
En fait, la soixantaine d’œuvres présentées dans l’exposition nous informent sur les différents courants qui ont marqué l’histoire de l’art, elle-même source de leur inspiration. L’art décoratif est là pour séduire, ou dérouter… à vous d’en juger!